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Bouffé par la jungle moitié
moîte,
Ballotté sur la piste de
pierres.
Les grands arbres murmurent, mur vert
écarlate.
Les esprits sournois filent sous lianes
et lierres.
Le brouillard nu, miroir de l'âme,
défend le ciel.
La peur au fond éternelle
cache tout. L'essentiel.
Les fleurs les larmes d'eau bleutée
l'air sucré.
Et j'avance à pas lourds, les
dents serrées sur la mort, voyageur condamné à
la haine du chemin.
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C'est
l'histoire d'une petite souris.Toutes les souris sont petites, me direz-vous.
Enfin, celle-là vous tapait dans l'oeil à la
seconde.Car ni une ni deux, ni grise ni verte,
Elle était bleue !
Fille du ciel et de la montagne (accouchement sans douleur),
Ma souris (elle m'appartient un peu comme cette
histoire) trottait.Elle trottinait, plutôt, sur ses pattes fines et
agiles.Quittant le flanc de la montagne, sa mère
immobile,Filant sous les nuages gris (eux) à l'abri des
yeux de son père céleste,La souris bleue filait en ligne droite.
La souris bleue filait un mauvais coton : elle
voulait voir la mer.Des jours de trottinage. Des mois de
trottinage.Sous les pattes, des cailloux.
Sous la dent quelques noix de cajou.
Et la mer toujours loin, qui se dérobait.
Triste, la souris bleue avait le blues ; l'âme
grise, diront les plaisantins.Les nuages se mirent à pleurer.
Sous un arbre sombre, la souris bleue aussi laissa
quelques larmes.Puis s'endormit.
Dans son rêve, la souris bleue trottinait
encore.Dans son rêve, le chemin s'arrête.
Le chemin meurt devant une rivière verte, la
rivière.Et la rivière chuchote à la souris bleue (une
rivière qui parle ? C'est un rêve, n'oubliez pas).La rivière dit : pourquoi es-tu triste, souris
bleue ?La souris bleue dit : la mer est si loin et le
chemin se perd.La rivière dit : pourquoi veux-tu voir la mer
?La souris bleue dit : je veux connaître sa
couleur.La rivière dit : la mer est bleue, comme toi,
comme ton père le ciel.La souris bleue dit : est-elle grande ?
La rivière dit : je suis la mère de la mer. Je
suis verte et elle est bleue. Je suis petite et elle est immense, comme ta mère,
la montagne.Un rayon de soleil frappa le museau de la petite
souris bleue.Elle se réveilla dans un frisson.
La souris bleue sourit (oui, les souris sourient,
c'est comme ça).Elle leva les yeux au ciel et vit le ciel.
Son père souriait (oui, le ciel sourit aussi, mais
seulement à ses enfants).Au-dessus des arbres, la souris bleue vit aussi la
montagne.Sa mère souriait (oui, les montagnes sourient,
mais seulement à leurs enfants).La souris bleue avait trottiné pendant un an.
Et son père, si bleu, était toujours avec elle.
Et sa mère, si grande, gardait les yeux sur
elle.Le coeur de la petite souris bleue était rouge et
plus grand que la mer.Comment expliquer tout cela ?
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L'ogre livre a tout bouffé.Le temps de jouer d'abord.
Puis le temps de rêverEnfin le temps d'aimer.
Il a croqué le temps, bougre d'ogre !
Le livre enferme, il ne délivre.
Il gribouille ses couleurs de clown
Sur le monde en furie.
Il nous cache les tueries
En nous les disant mieux.
Les livres s'empilent
Sur nos consciences meurtries
Cataplasmes d'encres
Et d'arbres assassinés.
Ils consolent l'âme faible,
La confine en ses peurs.
Livre, ennemi du courage !
Livre, ennemi de l'action et du vin partagé entre amis !
Livre, isolator, froid et inerte dans ton crime de lèse-vie.
Livre, toi et tes cousins feuillus,
Allez vous cacher dans des malles et des tiroirs maudits,
Allez moisir de solitude dans des greniers gris et tristes.
Vous méritez la mort, vous n'aurez que mépris.
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Vider
Godet
Slurp !
Burp !
Encore
Plus fort
Un pote
Dépote
Un ami
RMI
crache
lâche
mots
et maux
Emaux
Jolis.
Colis
Fichés
Pichet !
Slurp !
Burp !
Encore
A corps
défendus
Fendus
En deux.
Hideux
Final
(Verre) vide
Livide.
Burp !
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Dans une cité lourde et nue,
Un cortège silencieux
Plein d'ors et de reflets des cieux,
pleurait la mort d'une inconnue.
Les larmes comme un lait qui boue
Surgissaient des vieilles figures,
des yeux fatigués de hibou.
Porte-bonheur, étrange augure.
Dans certains pays orientaux
Croiser un mort dès matin tôt
Donne chance à Pierre et à Paule.
Habitez une nécropole !
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