• Carambolage
    Carrément volage !

    Au ralenti
    La carlingue de la carriole
    Dégringole
    Dommage, Paul !
    Pourquoi t'es parti ?

    Et s'envolent,
    Dans l'air brûlant,

    Une paire de lunettes
    de soleil
    Deux soleils,
    Une lune
    Un stylo de fortune
    Un carambar mou
    Un caramel dur
    Une bouteille de blanquette de Limoux
    Oubliée... sur la banquette
    Arrière
    Une pierre
    Un cimeterre.
    Une panthère
    En peluche
    Une bûche de Noël
    Pourtant voilà bientôt Paques.
    Une matraque.

    Et puis en vrac :
    Un livre
    Deux livres
    Trois livres
    Un bonhomme ivre.

    Le virage en rit encore.

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  • Du baratin

    Une tarte tatin

    Des patins 

    Un matin doux et silencieux.

     

    Une cloche

    Une anicroche

    Une vieille sacoche

    Un midi brumeux et boîteux

     

    Une bière

    Une colère

    Une rivière

    Un soir d'adieu noir et voilé 


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  • C'est un conte curieux, une histoire de rien.

    De riens du tout.

    D'ailleurs, le monde s'en fout.

    Il y avait, dans un pays d'îles,

    Une fille jolie d'âme et de peau.

    Elle souriait, de l'aube au coucher des étoiles.

    La tête posée de côté sur la natte, dans son sommeil elle souriait.

    D'un sourire invincible, qui semblait venir du côté invisible du monde.

    Penchée sur la marmite de riz, dans la sombre cuisine, elle souriait.

    Le nez en l'air, vers les bourgeons clairs du manguier, elle souriait.

    Les yeux dans les yeux de la rivière boueuse, elle souriait.

    Devant l'autel de ses ancêtres, un grand meuble de bois précieux, les mains jointes, le cœur grand comme l'univers, elle souriait.

    Sous la pluie bienfaisante, les doigts glissant dans ses longs cheveux luisants, elle souriait.

    Un jour de grand ciel pur, un jour où le souffle de la terre balayait les rizières lumineuses, la jeune fille a disparu.

    Tout était là, pourtant, qui l'attendait, entre la terre brune et l'azur impatient.

    Dans le soir qui approche à tâtons, dans les bijoux de lumière qui se pendent aux langues vertes des jeunes pousses, dans l'infini mouvement des lotus qui ferment leurs pétales roses et blancs, certains soirs, on pourrait voir, en plissant les yeux, l'esquisse de son sourire éternel.

    Mais le monde s'en fout.

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  • Manille, ville-vanille

    Douce et âpre.

    Mon cœur dérape, le Satrape !

    Manille et ses visages ronds,

    Ses rumeurs, son ron-ron.

    Ses nuits sans lunes, au néon.

    Je change de nom.

    Je m'appelle Robert ou Léon.

    Je dis oui, je dis non.

    Je suis le spectre avide

    Qui cherche dans le vide

    L'amère potion, le jus suprême,

    Qui rend gris et saupoudre

    L'âme, avant de la dissoudre

    D'éclats de rire tamisés,

    D'espoirs meurtris.

    Je fais le tri,

    Triste et blême.


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  • Un soir, en bord de route

    Il fallait, coûte que coûte

    S'arrêter.

    Ecouter un oiseau caché

    Dans la brume avenante

    Chanter

    Sa douleur prenante.

    Il fallait, nul n'en doute,

    Cracher de dépit sur la route.

    L'horizon, tout au bout,

    Agitait son corps de sirène.

    Le gravier ne crissait plus

    Silencieux dans sa peine.

    L'oiseau chantait. Il a plu.

    Le voyageur, debout,

    Ruisselle. Figé.

    Le jour passe.

    Le chemin vallonné est une impasse.


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