• Par ici la sortie !
    Par ici la monnaie !
    Et circulez, y'a rien à voir !
    Les marchands d'ivoire, de genêts et d'orties
    En seront pour leurs frais et leur âme assortie
    A leur jabot noirci piétinera sans fin
    Les grinçants graviers de leurs amours défunts.

    Et voilà !
    Sans éclats !
    Avec le rouge qui bât les flancs d'une mule fantasque
    Avec le jus qui coule dru de ses yeux flasques
    Avec un vieil amour fragile et repu
    Avec le souvenir d'un triangle crêpu !

    Ô joie ! Ô pure joie !
    La cavalcade matinale des désirs sourds
    Des doigts gourds
    Prend le chemin errant des arômes muscats.

    La fine épilovie se cache au fond d'un gouffre d'amertume et de doux fracas. blink.gif

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  • Les hommes, sous le joug, sillonnent le
    désert.


    La sueur chaude et lourde, sous le
    jour, rigole.


    Les bras se font haineux – les maux,
    la misère.


    Et leurs espoirs brûlés,
    sous les coups, dégringolent.





    Les femmes et les enfants pleurent de
    longues larmes noires.




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  • Vague alarme
    Chamade constante
    Marée montante
    Vague et larme.

    Coeur souffle
    Coeur souffre
    Coeur se perd en roulements vermillons.
    Coeur chante la mort en ses sillons.

    Quand le corps et ses lambeaux grincent
    comme un chariot rouillé
    Quand lendemain n'est plus qu'un mot
    vide et souillé.
    Quand l'oeil rond de la lune dame le
    pion au sommeil
    Quand l'on se sent vieillir comme un
    astre vermeil.

    L'air au goût de purin attaque
    mon esprit.







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  • La rive
    dérive
    arrive sous le mûrier et ses feuilles sombres.
    La rivière immobile ouvre un oeil. Marron et translucide.
    Passe un pêcheur aux pieds plantés dans la glaise. Vide.
    Bredouille. Les poissons dorment aussi.
    Et le train, au loin, qui hurle. Qui va on ne sait où.
    La rive dérive, l'âme liée aux amarres vertes et glissantes d'un ponton de bois.
    Et la barque chavire.
    Et l'on rit de guingois.


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  • Bouffé par la jungle moitié
    moîte,
    Ballotté sur la piste de
    pierres.
    Les grands arbres murmurent, mur vert
    écarlate.
    Les esprits sournois filent sous lianes
    et lierres.
    Le brouillard nu, miroir de l'âme,
    défend le ciel.
    La peur – au fond éternelle –
    cache tout. L'essentiel.
    Les fleurs – les larmes d'eau bleutée
    – l'air sucré.
    Et j'avance à pas lourds, les
    dents serrées sur la mort, voyageur condamné à
    la haine du chemin.




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